Evrard T’Serclaes Libérateur de la ville de Bruxelles

Éverard t’Serclaes, seigneur de Wambeek, Bodenghem et de Ternat et échevin de Bruxelles, né vers 1320 et mort à Bruxelles le 31 mars 1388. Il est entré dans l’histoire de sa ville en contribuant de façon décisive à sa libération lors de la Guerre de succession du duché de Brabant le 24 octobre 1356.

Evrard de T’Serclaes était un personnage hors du commun, l’objet d’une double légende : la façon dont il organisa la libération de sa ville et de son pays, mais aussi son trépas dramatique frappe aujourd’hui encore après tant de siècles l’imagination. Il est extrêmement rare que des personnages historiques répondent à leurs légendes ; chez Evrard de T’Serclaes la réalité historique dépasse la fiction il appartenait à cette catégorie d’hommes providentiels qui ne donnent la peine mesurent de leurs possibilités qu’en temps de crise. À cette époque le Brabant était en proie d’une à une crise sérieuse est elle-même menacée de démantèlement ou de perdre son indépendance. Evrard de T’Serclaes su faire preuve de talent stratégique mais aussi politique et diplomatique. Qui contribuèrent dans une large mesure à piloter le duché sur la voie étroite entre l’anarchie et la soumission. Dès sa jeunesse, Evrard fait un personnage influent, en tant que fils d’un patricien important.

Sept talents militaires apparaîtront au plein jour lors de la guerre de succession brabançonne de 1356 1357. La mort de Jean III en 1355 plongea le duché dans une grave crise dynastique. Le duc de laisser en effet que trois filles: Jeanne, veuve de Guillaume II du Hainaut, qui s’était remariée à Wenceslas de Luxembourg, frère de l’empereur allemand Charles IV; Marguerite mariée à Louis de Maele, Comte de Flandre, et Marie d’épouse handicapée de Renier III de Gueldre.

De son vivant encore, les 44 villes du Brabant avaient convenu qu’elle refuserait un démantèlement du duché mais que les trois duchesses auraient droit à une compensation équitable, une proposition que le duc et la noblesse avait accepté. Les villes arbitraient alors la situation. Pour gagner leurs suffrages en faveur de la belle-sœur Jeanne l’empereur Charles IV proclama sa bulle d’or aux termes de laquelle aucun citoyen brabançon ne pouvait être distrait de son juge naturel et ce sur tout le territoire de l’empire. (Le Brabant faisait théoriquement parti du Saint empire romain). Néanmoins, avant de se voir reconnu, Wenceslas et Jeanne durent encore souscrire à la joyeuse entrée en 1356. La joyeuse entrée était une charte qui définissait et renforçait les droits et libertés octroyées aux villes par les Duc. Les deux Ducs précédents et tous les ducs ultérieurs, jusqu’à y compris François II d’Autriche prêtèrent serment de fidélité a ces joyeuses entrées.

Le choix de Wenceslas était sans doute le moins dangereux, la Flandre étant État vassal de la France, mais le nouveau duc se révéla être maladroit. Il fournit lui-même le prétexte de la guerre de succession qui éclata peu après en refusant de payer la compensation convenue à son beau-frère Louis de Maele. Une réunion sommet à Asse entre les deux princes ne donna aucun résultat : peu après, le Comte de Flandre, soutenu par le comte de Namur et le prince évêque de Liège firent irruption dans le Brabant au moment où le duc se trouvait à Maastricht. Les troupes flamandes et lilloises au nombre de 100.000 environ pénétrèrent sans coup férir jusqu’à la hauteur de Scheut toutes près de Moortebeek.  Induits en erreur, semble-t-il par un espion, les milices bruxelloises attaquèrent le 17 août 1356 la forte position stratégique des Flamands qui furent taillés en pièces. Beaucoup d’autres furent poursuivis par la cavalerie flamande et se noyèrent dans la Senne et les marais bruxellois. Cette journée désastreuse est entrée dans l’histoire sous le nom du « quaden goensdag » soit le mercredi de malheur. La duchesse pût encore quitter en toute hâte le château du Coudenberg et prit la route de Binche en Hainaut pour se retirer dans ses terres. Le Comte Louis issa lui-même le drapeau lion sur la façade de la maison dite « de Ster» qui faisait fonction d’hôtel de ville. Quelques jours lui suffirent pour occuper Louvain Maline Anvers Nivelles Tirlemont et Léau. Le 20 août, Louis à la demande des représentants des six chefs lieu brabançons se nomma lui-même duc de Brabant. La victoire semblait complète. Seul Bois-le-Duc resta inoccupé. L’esprit tranquille le Conte parti pour une concertation avec son suzerain français à Paris et confia le gouvernement de la Flandre et du Brabant à son épouse Marguerite. Le célèbre fait d’armes d’Evrard de T’Serclaes se produisit quelque mois plus tard. On a souvent affirmé que celui-ci avait agi de sa seule initiative cela ne correspond pas à la réalité mais n’infirme en rien ses mérites. En fait, l’action d’Evrard faisait partie d’un plan stratégique élaboré par l’état-major de Jeanne qui rentrée dans le Brabant, s’était Établie à Bois-le-Duc et avait confié la conduite des opérations au conte de Looz. Le jeune Evrard fut chargé d’entrer en cachette à Bruxelles et d’occuper par surprise quelques points stratégiques avec l’aide de citadins amis. Les troupes brabançonnes et limbourgeoises se chargeraient ensuite de la libération de la vie. Evrard connaissait évidemment les points faibles de la défense de sa ville. Accompagné d’une centaine de volontaires, il se rendait jusqu’aux abords de la ville ou sa petite troupe se cacha jusqu’à la nuit du 24 octobre. Il pleuvait à verse. Ils avancèrent par le Warmoesbroeck c’est-à-dire actuellement la Rue du Marais jusqu’à la partie délabrée du rempart de la ville attenant à sa propre maison au lieu-dit de l’Etengat. À cet endroit le fossé avait disparu de sorte que c’était un jeu d’enfant d’escalader les murs au moyen de quelques échelles de pénétrer dans la ville. Ils descendirent vers la Grand-Place où ils arrachèrent l’étendard de Flandre et se dispersèrent en scandant « Brabant den groten Hertog » C’est-à-dire Brabant au grand-duc. Aidés d’une foule de plus en plus nombreuse, ils se poursuivirent la faible garnison flamande qui s’enfuit vers la porte Sainte-Catherine entre-temps occupée. Quelques-uns se précipitèrent d’en haut des remparts, les autres furent faits prisonniers. Peu après, le conte de Looz entra dans la ville à la tête d’une petite armée limbourgo-rhénoise et annonça à Wenceslas qui séjournait toujours à Maastricht que Bruxelles était libéré. Presque au même moment Louvain était reprise.

Pendant son court passage au duché de Brabant, le Comte de Flandre avait posé des actes illégaux, dans la position du français comme langue administrative le Comte Louis de Maele était un prince français et son père Louis de Nevers était d’ailleurs tombé dans les rangs des Français à la bataille de Crécy. Il était totalement ignorant de la langue thioise c’est-à-dire de l’ancien néerlandais qui était la langue de la cour brabançonnes et plus particulièrement de Bruxelles. Par ailleurs une dès première mesure prise par Evrard de T’Serclaes et ses compagnons pour rétablir la légalité, fut de réinstaurer le thiois  comme langue officielle à Bruxelles. Evrard fut créé chevalier par le duc. Un an plus tard la paix d’Ath fut signée par l’entremise de Guillaume de Bavière Comte de Hainaut et d’Hollande et de Zélande au terme de cette paix le Brabant fut restauré dans l’intégrité et dû seulement céder Malines à la Flandre ce dont les Bruxellois ne s’offusquaient pas trop Malines étant devenue une concurrente redoutable.

 

Bruxelles aussi reconnu les grands mérites d’Evrard qui reçut le titre de libérateur et fut nommé à plusieurs reprises échevin en 1356 1370 1377 et 1388.

En 1374 il dirigea la délégation bruxelloise au congrès de Braine-l’Alleud qui conclut le 30 avril 1374 la paix au nom de des villes et le duc. Evrard devient conseiller très apprécié de la duchesse. Il n’hésita pas cependant à l’occasion de porter un lui-même les armes comme par exemple lors de l’expédition contre le duc de Gueldre qui menaçait toujours la marche est du pays. En 1386 T’Serclaes pris part personnellement à la levée du siège de la petite ville de Graves (actuellement en Brabant du Nord) qui avait été occupé par les troupes de Gueldre.

 Sweder d’Abcoude qui était un guerrier est expérimenté très riche de surcroît.  Pendant la guerre de succession brabançonne, il avait pris parti pour Jeanne et Wenceslas et leur avait prêté beaucoup d’argent. En 1388 il demanda la duchesse de pouvoir élargir sa seigneurie en incorporant quelques villages de la mairie de Rhodes dont Itterbeek, Kraainem, Woluwe-Saint-Pierre, Uccle, Linkebeek Watemael, Auderghem etc bien que cette annexion eut fait de son domaine un état dans l’état la duchesse n’osa pas repousser purement et simplement la requête d’un de ses principaux créditeurs. Evrard de T’Serclaes magistrat de Bruxelles cependant s’opposa à cette augmentation de puissance de leur dangereux voisin d’autant plus que de nombreux patricien qui habitait le territoire du seigneur de Gaesbeek avait déjà eu maille à partir avec lui. Evrard qui venait d’être élu échevin pour la cinquième fois alla à la tête d’une délégation défendre la cause de la ville au château du Coudenberg. Les échevins se basèrent entre autres sur une clause de la joyeuse entrée défendant au duc toutes aliénations de terre sans autorisation des Etats. La duchesse du se rendre aux arguments de la de la délégation bruxelloise.

Le sire de Gaesbeek présidait une réunion de famille, lorsqu’il apprit la mauvaise nouvelle. Il était connu pour sa colère noire et jura qu’il aurait la peau de son premier échevin de Bruxelles. Son fils bâtard Guillaume de Clèves et son bailli Melys Utenenghe vit une suggestion de liquider Evrard de T’Serclaes. Le jeudi cinq le 26 mars 1388 leurs espions leur apprirent qu’Evrard se trouvait à Lennik et se préparait à retourner à Bruxelles. Les deux comparses partirent sur-le-champ et dresser un guet-apens à Vlezenbeek à un endroit appelé encore aujourd’hui de quade-wegen (le mauvais chemin). Evrard qui se déplaçait seul fut arraché de son cheval cloué au sol par Clèves est affreusement mutilé le bailli lui coupa la langue avec laquelle de T’Serclaes avait plaidé avec tant de succès la clause de Bruxelles et lui coupa le pied avec une hache avec lequel il s’est agenouillé devant la duchesse.

 

Evrard fut laissé agonisant pendant quelques heures dans cette terre du seigneur de Gaesbeek. Vers midi Le doyen de Halle Jean de Stalle et son clerc qui vinrent à passer osèrent le recueillir sur leur charrette et le transporter à Bruxelles. Il avait reconnu grâce à sa chaine échevinale. Entre-temps son cheval était reparti tout seul et avait été arrêté à la porte d’Anderlecht où on l’avait également reconnu. C’est ainsi que lorsque Jean de Stalle arriva vers quatre heures de l’après-midi avec le malheureux à Bruxelles, une foule nombreuse s’y était assemblée pour accompagner les victimes à la maison de Ster l’étoile où les premiers soins lui furent prodigués. On alla chercher le meilleur spécialiste de l’époque, le docteur Albert Dithmar de Braine-l’Alleud celui-ci arriva le soir. Il ne put que constater qu’Evrard de T’Serclaes était dans un état désespéré. Evrard avait cependant encore assez de force pour pouvoir désigner ses meurtriers par des signes. La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre. On sonna le glas et comme cela arrivait souvent à l’époque une foule tumultueuse s’assembla sur la Grand-Place pour crier vengeance. Elle ne put être retenue qu’avec difficulté par les échevins présents. La duchesse également s’était portée en toute hâte au chevet de T’Serclaes essaya en vain de calmer les esprits. Voyants qu’elle n’y réussissait pas, elle donna contrecœur son consentement une expédition punitive vers Gaesbeek. Son régent Jean de Witham accompagnait les Bruxellois. Les jours suivants, l’expédition allait être rejointe par des délégations de presque toutes les villes brabançonnes. Entre-temps Guillaume de Clèves et Melys Utenenghen avaient mis le sire de Gaesbeek au courant, au moment ce dernier quittait l’office solennel du jeudi Saint. Contrairement à ce qu’ils eurent peut-être espéré, Swedre ne semblait pas particulièrement satisfait. Il convoqua immédiatement quelques vassaux, dont le Bruxellois Jean de Lombeke. Il fut décidé qu’ils organiseraient la défense du château avec son époux Anne de Leyningen, tandis que lui-même et Guillaume de Clèves allaient chercher du renfort à Diest en dehors de Brabant. Sweder eut à peine le temps de s’enfuir par un couloir souterrain que l’avant-garde bruxellois se pointait déjà en vue du château. Celui-ci était bien fortifié était pourvu d’assez de vivres pour soutenir un long siège. Toutes les attaques se trouvèrent infructueuses cinq semaines écoulèrent sans résultat. Lorsqu’à la fin il fut fait appel aux artificiers liégeois pour dynamiter le château Anne de Leyningen décida de se rendre. Elle avait sans doute appris que son mari avait conclu un accord secret avec la duchesse au terme duquel satisfaction morale serait donnée aux Bruxellois en sacrifiant entre autres Melys Uttenenghe. Au long de ce long siège les langues s’étaient déliées et on avait appris comment les choses étaient vraiment passées. L’accord stipulait qu’Anne Leyningen et sa suite pourrait sortir indemne du Brabant. Le château fut vidé de son contenu et incendié. Mais Melys Uttenenghe fut jugé sur place et brûlé vif. Ce siège interminable aurait valu aux Bruxellois le quolibet de kiekenfretters mangeur de poulet d’autres auteurs pensent que ça provient de la bataille désastreuse de Baesweiler où les Bruxellois s’étaient faits voler leur approvisionnement par les soldats des Gueldre.

 

En 1902 le bourgmestre Charles Buls fit apposer le bas relief de l’artiste Julien Dillens contre le mur de la maison reconstruite de l’étoile en mémoire de ce fils illustre de Bruxelles. Dans les années 30 une curieuse croyance populaire s’était répandue selon laquelle toute personne nubile qui passe la main sur le bras de bronze de l’échevin se mariera dans l’année.

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